Dissidente
Cinéma
2024-06-15
Film québécois de Pier-Philippe Chevigny avec Ariane Castellanos et Marc-André Grondin.
C'est un film canadien francophone, diffusé avec des sous-titres français. Parfois, c'est nécessaire car certains mots, surtout des expressions, sont assez différentes en québécois, mais à part cela, qui représente peut-être 10% du texte, une partie du film est en espagnol, donc les sous-titres sont utiles pour cette partie là.
Ariane est embauchée dans une usine agricole dans la vallée du Richelieu, une région agricole du Québec. Originaire de cette région, elle y retrouve des anciens camarades d'école. Son job est de traduire les ordres pour les ouvriers guatémaltèques nouvellement arrivés.
Elle découvre, à sa grande stupéfaction, les conditions de travail déplorable de ces ouvriers, et l'exploitation dont ils sont victimes. Elle décide d'abord discrètement, puis plus ouvertement, de résister à la pression du directeur de l'usine, Stéphane, qui est stressé par les objectifs que la direction de l'entreprise lui fixe et qu'il n'arrive pas à atteindre. Il utilise les ouvriers guatémaltèques comme de la main d’œuvre jetable, la pressant comme des citrons pour en extraire le jus, tous les jours jusqu'à ce qu'ils n'en puissent plus.
Ariane a aussi la pression, car elle a un appartement à payer et craint de perdre son job. Sa mère, ancienne directrice RH, essaie de lui ouvrir les yeux sur les lois et règlements, mais aussi sur sa situation : elle pense toujours à aider les autres, et il faudrait d'abord qu'elle pense à elle.
Un jour, refusant de continuer de cautionner les agissements de Stéphane, Ariane quitte l'usine et perd son job. Elle n'arrête pas d'aider les guatémaltèques qui viennent la chercher quand Alfonso, l'un d'eux avec qui Ariane avait sympathisé, tombe gravement malade. Elle doit intervenir pour l'emmener à l'hôpital, et l'aide à faire reconnaître sa maladie comme maladie professionnelle contre Stéphane.
Ce film traite du programme de travailleurs étrangers temporaires. Sur 60 000 travailleurs qui viennent au Québec chaque année dans le cadre de ce programme, la moitié vient du Guatemala. Cette main d'oeuvre très bon marché travaille pour la plupart dans le secteur agro-alimentaire. Le cinéaste, Pier-Philippe Chevigny, a enquêté pendant 8 ans pour réaliser ce film. Au début, cela devait être un documentaire, mais il est très difficile de filmer, car aucun acteur de ce secteur ne veut s'afficher à l'écran ni même témoigner, de peur de perdre son job ou d'être banni du programme.
Avec l'aide d'Ariane Castellanos, qui joue Ariane dans le film, Pier-Philippe Chevigny est parti enquêter au Guatemala pour obtenir des témoignages plus facilement, et recruter des acteurs. Marc-André Grondin, un acteur connu au Québec, jour le rôle de Stéphane. C'est un rôle important, d'après le cinéaste, qui veut montrer que ce n'est pas la personne qui pose problème, mais bien tout le système qui est fait pour exploiter ces gens-là.
Ce film montre une réalité difficile à percevoir, et aussi à montrer en tant que documentaire, d'où le fait que la fiction soit très appropriée dans ce cas. Les scènes, peut-être un peu exagérées parfois (comme toujours quand on montre des aspects réels, tout ne se produit pas dans la durée indiquée et au même endroit), semblent réalistes. Certaines scènes sont émouvantes, et d'autres un peu difficile à regarder et la manière dont certains personnages réagissent, notamment Stéphane, est difficile à comprendre parfois. Dans l'ensemble, je trouve que le film rend très bien compte de cette réalité.
Voici la bande annonce, et le film est en salle actuellement :