Film français de Boris Lojkine, avec Abou Sangare.

Souleymane est Guinéen. Sa mère est schizophrène, mais elle est restée au pays. Lui, il est à Paris après avoir traversé l'Algérie et l'enfer Libyen. Dans 2 jours, Souleymane a un entretien avec l'OFPRA, qui va décidé de lui donner ou non des papiers. Pour le moment, il est sans papier, mais il travaille comme livreur avec le compte de quelqu'un d'autre.

Pendant ces 2 jours, c'est la course, il doit préparer son entretien, continuer ses livraisons, récupérer son argent, et trouver un endroit pour dormir. En même temps, chacun voit en lui une source de revenu, certains le rançonnent en lui faisant croire qu'il pourra avoir des papiers, un autre lui demande des unités en échange de pouvoir parler à sa mère, quand les clients de ses livraisons refusent parfois les livraisons ou habitent au 6ème étage sans ascenseur.

La vie de Souleymane n'est pas belle. Il a voulu venir en France pour un avenir meilleur, mais la France ne veut pas de lui, et ses collègues de travail, parfois compatriotes, profitent de lui. Il doute.

C'est un très bon film, une fiction que l'on pourrait confondre avec un documentaire. Souleymane est un homme, il travaille. Il aurait pu travailler en Guinée, il a suivi des amis qui sont venus en France et il s'est fait exploité. Ce n'est pas une victime, c'est un battant, alors il roule, parfois il livre, parfois il tombe, parfois il loupe le bus, mais il va toujours de l'avant.

A la fin : il a son entretien avec l'OFPRA. Il raconte une histoire, il ment, mais l'officière de protection le sait et lui dit, elle lui laisse une chance de dire la vérité et il la saisit. On sait enfin d'où il vient et ce qu'il a vécu pour venir ici.

J'ai aussi vu Abou Sangare en invité dans 28 minutes sur Arte. Il n'est pas un porte-parole, simplement un homme qui cherche un travail dans un garage, toujours avec le même problème : les papiers. L'homme et le film sont émouvants, on ne peut pas prendre de distance avec cette situation bouleversante.

Voici la bande annonce :