FredVoyage

Une autre vie que la mienne

Film polonais de Malgorzata Szumowska, Michal Englert. 2h04 vost

Titre original : Kobieta Z...

Andrzej est un jeune homme dans les années 80. Il fait la rencontre de Iza, une jeune femme. Ils se marient et ont un fils. Il y a quelques allers-retours sur différentes périodes car le film commence au milieu des années 80, avant la chute du mur, et se termine en 2022. Après avoir donné naissance à son fils, Andrzej commence à se poser des questions sur son genre. C'est un homme, mais il a envie de s'habiller comme une femme.

Pour se libérer de ces envies, qui lui sont très personnelles, il écrit dans un carnet, et cache des objets, dont une des petites culottes de sa femme, dans une boîte. Tout cela reste très secret pendant plus de 15 ans.

Puis un jour, sa femme Iza découvre son livre. Aussi, un médecin, pour lui fournir un certificat médical pour le travail en hauteur, fait des analyses et découvre qu'il a un taux de testostérone trop bas. Il lui demande d'aller voir un médecin spécialiste. Andrzej comprend ce qui lui arrive et ne prend pas le traitement, au contraire. Ça le fait réfléchir.

Il entame alors une transition après avoir vu différents médecins, avec des hormones. Pour payer ce traitement, il vend des cartes de téléphone que son frère lui fournit.

Sa femme, même si à un moment, elle s'énerve quand elle comprend ce qui va se passer, reste très compréhensive, et lui apporte un certain support, mais à partir du moment où il décide de faire sa transition complètement (sans opération, mais sur l'état civile), il doit le faire seul, et on sent qu'il est vraiment seul. Son employeur le licencie, il doit trouver refuge dans un couvent de femmes jusqu'à ce qu'elles s'aperçoivent qu'il a toujours un pénis et des testicules.


En Pologne, pour pouvoir changer son état civile, il y a 2 étapes qui vont être difficile pour lui : la première consiste à divorcer, car le mariage ne peut unir qu'un homme et une femme, donc s'il est marié, le changement d'état civile sera refusé. La deuxième étape, la plus difficile, est de porter plainte contre ses parents pour demander ce changement. C'est eux qui doivent accepter de faire la modification, et cela doit passer devant un juge. Cela sera difficile pour Iza et lui, même s'ils ne semblent pas avoir de ressentis l'un envers l'autre, et surtout pour lui avec ses parents quand il doit les assigner en justice.

Heureusement, ces formalités vont bien se passer avec le soutien d'une fondation trans dont il va trouver les coordonnées dans un hôpital à Varsovie.

Andrzej s'appelle donc désormais Aniela.

Aniela est rattrapé par cette histoire de carte téléphonique, et passe au tribunal. Elle risque jusqu'à 10 ans de prison. Elle promet de rembourser tout ce qu'elle doit et les intérêts, mais le juge n'apprécie pas sa transition, et la condamne à 3 ans de prison ferme, qu'elle va purger isolée, dans le quartier des femmes.

Quand elle sort de prison, son père est mort, mais il avait laissé pour elle une enveloppe avec de l'argent. Elle se réconcilie avec son frère et retrouve son fils et sa fille, ainsi que Iza qui ne l'a pas oublié malgré quelques aventures. Aniela est toujours amoureuse de Iza. Elle a cherché à rencontrer d'autres trans, mais cela n'a jamais débouché sur une véritable histoire.

J'ai bien aimé ce film. Il fait écho à Un Homme Heureux, film français que j'ai vu il y a quelques semaines et qui abordait le même sujet sous forme de comédie. Je n'avais pas trop apprécié le côté léger du film.

Avec ce film, le sujet est bien abordé, en profondeur, toutes les questions du néophyte que je suis en la matière trouvent une réponse claire.

Andrzej ressent ce besoin de transition au plus profond de lui dès sa jeunesse, mais il se rend à l'évidence que ce n'est pas quelque chose qu'il est possible de faire. Mais une fois qu'Iza le découvre, ça le libère. Son fils aussi a compris, en partie, ce qui le préoccupe, et est prêt à accepter que son père soit gay, même si ce n'est pas le cas.

On peut faire une transition, sans faire d'opération. C'est ce qui est expliqué dans ce film, car même le changement d'état civile est fait alors qu'aucune opération n'est faite. A un moment, Andrzej l'envisage et commence des démarches pour cela. Il rencontre des personnes qui l'ont fait, mais il ne va pas aller jusqu'au bout, en tous cas, pas pour l'instant.

J'aime ce film car tout s'est fait en douceur. Pas de violence, même dans la prison, personne ne lui veut du mal et il n'en veut à personne, Andrzej vit sa vie, sans rien regretter mais en acceptant de vivre la vérité au fur et à mesure qu'il peut s'accepter. Cela prend du temps, mais il n'attend rien, il vit sa vie, dans une perspective. A aucun moment il ne dit que c'est urgent de faire ou de ne pas faire, de dire ou de ne pas dire, et au final, il va faire ce qu'il veut faire, malgré tous les obstacles.


Une chose importante dont on prend conscience en regardant ce film, c'est la solitude : une fois qu'Andrzej décide de faire sa transition, il a l'obligation de divorcer, et il quitte donc sa femme. Il est seul. Il rentre dans cette fondation trans, et y rencontre des gens, mais il ne trouve personne qui remplacera Iza. Je n'ai pas senti l'espoir de revenir avec Iza, mais Aniela y pense tous les jours, Iza peut-être aussi, mais ne veut pas l'avouer.

Voici la bande annonce :