Mon expérience rupture du tendon d'Achille
Dossiers
2024-08-13
SOMMAIRE
Article écrit le 16 mars 2024, mis à jour le 3 avril 2024 (Retrait des agrafes), le 15 mai 2024 (ablation de l'attelle), le 7 juin 2024, le 8 juillet 2024 (rééducation) et le 13 août (conclusions).
Ma philosophie concernant le sport est simple : je fais de la marche, parfois je courre un peu, mais rien de violent et pas de sport d'équipe, encore moins de sport de contact.
Mais il arrive que j'ai besoin de faire un peu de sport, plutôt dans l'esprit d'animer un loisir que de faire réellement du sport. C'est ce que j'ai fait, en ce 29 février 2024, j'ai fait l'animateur avec des enfants de 10 ans, dans un gymnase. A un moment, je me suis pris au jeu et nous avons joué au basket.
Tout s'est bien passé jusqu'à ce que j'attrape le ballon et que je commence à courir. A ce moment, on m'a couru après, et alors que j'avais ma jambe en extension vers l'arrière, j'ai senti un coup de pied, quelqu'un qui me marchait sur le mollet.
J'ai alors ressenti une douleur extrêmement forte, je suis tombé et je me suis pris la jambe dans les mains en pleurant de douleur : rupture du tendon d'Achille.
Anatomie d'une jambe
A ce moment-là, je n'avais pas vraiment compris ce qui venait de se passer. Regardons comment se placent les muscles et tendons dans la jambe.
Ce que l'on appelle communément le mollet, est en fait des muscles que l'on appelle muscles jumeaux. On peut le sentir en faisant se contracter uniquement la partie gauche ou la partie droite du muscle. Cela demande un peu de dextérité, mais ça fonctionne.
Ensuite, ces muscles sont reliés au talon par le tendon d'Achille. En réalité, c'est plus détaillé que cela, le tendon d'Achille peut être séparé en plus petites parties, mais lors de la rupture du tendon d'Achille, le tendon principal n'est plus attaché.
Voici à partir de là ce qu'il s'est passé :
On voit bien la zone, là où se trouve le tendon d'Achille. Cette zone est assez longue et lorsque le tendon est là, on le voit, tendu, et on le sent avec ses doigts. Lorsqu'il y a rupture, on sent donc bien la différence : aucune tension, et quand on touche avec les doigts, c'est tout mou.
Test de Thomson
Pour savoir si la rupture est totale ou pas, il existe un test simple : le test de Thomson. On place alors le patient allongé sur le ventre comme ceci, avec les pieds qui dépassent un peu dans le vide :
Ensuite, on va comparer l'effet entre les 2 jambes. Le médecin va comprimer les muscles jumeaux de la jambe droite et gauche et va regarder la différence. Dans mon cas, sur la jambe normale, cela faisait bouger le pied, sur la jambe qui a eu l'accident, mon pied n'a pas bougé du tout.
Le verdict à ce moment-là est sûr à 100% : rupture du talon d'Achille.
Prise en charge médicale
Avant de faire ces examens, le diagnostique était déjà là, compte tenu de la douleur et de l'absence de mouvement ou presque dans mon pied, l'incapacité de marcher et surtout de me mettre sur la pointe du pied, je savais ce qui se passait.
A partir de là, que faire. La meilleure solution est d'appeler le 15. Au bout du fil, si je les avais appelé, j'aurai eu un médecin, qui m'aurait posé des questions pour faire un diagnostique, et aurait appelé une ambulance qui serait venue me chercher pour m'amener aux urgences de l'hôpital et j'aurais fait les examens, puis j'aurai été opéré dans les 24h.
Au lieu de ça, je suis rentré chez moi, puis le lendemain, je suis allé aux urgences moins urgentes (soins non programmés) de la clinique. Tous les examens ont été faits, mais la prise en charge pour l'opération a duré un peu plus longtemps. Le temps qu'il faut pour que ça me stresse et que je réalise ce qui se passe.
L'opération
L'opération du talon d'Achille doit être faite dans les 10-15 jours qui suivent l'accident. Pour ma part, cela a été fait dans les 10 jours par un chirurgien orthopédique. Je vais décrire ici comment ça s'est passé car une chose qui m'a manqué, c'est de ne pas avoir de repères pour ce qui allait se passer. Je ne suis pas un habitué des hôpitaux, alors j'ai eu beaucoup d'appréhension, pour ce qui finalement s'est très bien passé. Parfois même les professionnels entre eux me donnaient des informations contradictoires, donc ce que je décris ici n'est pas une théorie ou une méthode officielle, c'est simplement ce que j'ai vécu.
Avant l'opération, il y a donc eu une radio, une échographie, une prise de sang (bilan pré-opératoire avec 2 tests de groupe sanguin) et depuis l'accident, des piqûres quotidiennes d'anticoagulant.
L'opération se fait en ambulatoire, c'est-à-dire que l'on arrive le matin, amené par une personne (ou un taxi), et on repart le soir, ramené par une personne (ou bien le lendemain par un taxi) et cette personne est responsable de moi pendant 24h, je dois rester accompagné, même la nuit, pendant ces 24h qui suivent l'opération.
Ne connaissant pas les habitudes, je n'ai pas demandé de chambre simple pour une raison simple : personne ne me l'a demandé et je ne savais pas quand le demander. J'étais donc dans une chambre, seul au début, puis avec un autre patient qui a été opéré par le même chirurgien, pour la même chose : rupture du tendon d'Achille au pied droit, alors que pour moi, c'était au pied gauche.
Une fois dans la chambre, changement de vêtements pour une blouse ouverte derrière, prise de la tension et de la température. Après un peu moins d'une heure, 3 personnes sont arrivées pour venir me chercher en fauteuil pour m'emmener au bloc opératoire. A l'entrée du bloc, changement de situation, je m'allonge sur un brancard et le brancardier me fait avancer dans la salle de réveil.
C'est à ce moment-là que, pour ma part, le stresse était le plus grand. Je ne savais pas ce qui se passait, j'avais un peu de mal à comprendre certaines choses et à en accepter d'autres, notamment concernant l'anesthésie. L'anesthésiste est venu. Normalement, c'est une anesthésie locale : une péridurale. Inconcevable pour moi. Finalement, j'ai pu avoir une anesthésie générale, après quelques explications et l'aide d'une infirmière pour bien comprendre ce qui se passait et arriver à réduire le stresse.
Ensuite est venu le moment de la pose de la perfusion. Cela n'est pas douloureux, ça a pris moins de 10 secondes, mais j'avais besoin de bien respirer et une infirmière m'a bien aidé.
Pour la suite, on m'a emmené vers le bloc opératoire, en me branchant des fils, on m'a demandé de bien respirer profondément, et je me suis endormi ...
L'opération a eu lieu, ça a duré un peu plus d'une heure, je pense, puis je suis remonté dans ma chambre dans le brancard, après m'être réveillé.
Je me suis réveillé assez facilement, j'avais encore la perfusion, mais non reliée, dans la main gauche, et mon pied gauche était dans une attelle, avec un bandage.
Après la visite du chirurgien, qui est venu en milieu d'après-midi, la sortie a été assez rapide. Une infirmière est venue m'enlever la perfusion, et j'ai pu me rhabiller. Le temps d'aller chercher un fauteuil roulant, de repasser par l'administration pour la sortie et de repartais chez moi.
Au total, je suis arrivé vers 7h30 et ressortis vers 17h, et je pouvais manger, la seule règle était de ne pas rester seul pendant les 24 prochaines heures.
La plaie
Le chirurgien m'avait dit que la plaie serait seulement de 2-3cm, sur le côté. Il avait du confondre avec une autre opération, car au final, la plaie fait une dizaine de centimètres et il y a 20 agrafes. Voici ce que ça donne à J+3 :
L'attelle doit être retirée et le pansement (qui recouvre la plaie) remplacé tous les 2 jours.
La Convalescence
Après l'opération, il y a 45 jours d'immobilisation complète avec l'attelle. Tous les jours, des piqûres d'anticoagulant et un jour sur 2, on refait le pansement. Rendez-vous avec le chirurgien environ 45 jours après l'opération.
Une traitement anti-douleur est proposé, mais pour ma part, je n'ai pas de douleurs, juste parfois quelques sensations qu'il faut apprivoiser.
J'ai aussi quelque chose d'étrange qui se produit la nuit, quand je m'endors : mon pied donne un coup de pied en remontant violemment le bout de mes doigts de pied vers moi, ce qui tend l'arrière du pied et le tendon, et fait vraiment très mal. J'ai surtout peur que cela déchire ce qui a été fait par le chirurgien, donc pour éviter tout ça, j'immobilise encore plus le pied la nuit pour éviter qu'il ne veuille bouger sans mon accord, en le fixant, sans trop serrer mais quand-même, dans une botte qui me servira un peu plus tard à remarcher.
A ce jour, la convalescence n'est pas terminée, donc je compléterai cet article dans les mois qui viennent pour indiquer le temps qu'il m'aura fallu pour quitter l'attelle et faire les séances de kiné, puis remarcher. D'après les informations que j'ai pu rassembler, il faut 6 à 8 mois après l'opération pour remarcher correctement. Grâce à l'opération, le taux de récidive est très faible.
Retrait des agrafes
J15, c'est le retrait des agrafes. Les agrafes, ce sont de petites pièces en métal qui serrent la peau. Pour les retirer, il faut utiliser un outil spécifique : la pince de Michel. Cette pince est l'équivalent de la dégrafeuse pour le papier, en plus minutieux. Elle va ouvrir l'agrafe pour permettre son retrait, comme expliqué avec des visuels sur le site de WikiHow.
On a retiré une agrafe sur 2, ce qui donne ceci :
Puis, la deuxième fois, 2 jours après, retrait des dernières agrafes :
Concernant le retrait des agrafes, beaucoup de gens m'ont dit que ça faisait mal. Je n'ai pas trouvé. La sensation est un peu spéciale, un petit tiraillement et c'est tout. J'ai trouvé que c'était plus simple et avec moins de sensation que de retirer les fils lors de points de suture, car ici, on ouvre les agrafes puis on tire un peu, l'infirmière a fait cela correctement, alors qu'avec des points de suture, il faut couper le fil et le faire glisser sous la peau pour le retirer, ce qui est tout aussi bizarre comme sensation.
Maintenant, je n'ai donc plus rien sur la plaie, même le pansement a été retiré, il ne reste que l'attelle pendant encore un mois.
Ablation de l'attelle
Quelques jours avant le J45 pour retirer l'attelle, j'ai contacté la secrétaire du chirurgien pour lui demander la prolongation des injections d'anticoagulant, car j'avais compris que je devais les avoir jusqu'à ce que je marche, mais elle m'a indiqué qu'il n'y avait pas besoin.
Donc J45 est arrivé, je l'attendais avec impatience, vraiment. Ce jour-là, après l'injection, l'infirmière a retiré l'attelle, et nous avons contemplé ma jambe et mon pied gauche. C'était difficile : le pied gauche ne montrait que des os, les muscles de la jambe s'étaient atrophiés à un point que je n'avais pas imaginé, et les doigts de pied ne bougeaient plus. C'est une étape de plus, mais qui ne s'est pas passé comme je l'imaginais. Incapable de marcher, j'étais toujours dans le canapé, à attendre le rendez-vous du chirurgien. Mon moral était au plus bas.
Une semaine après, je suis allé voir le chirurgien et il m'a redonné des injections à faire pendant encore 3 semaines. En une semaine, mes doigts de pied se sont remis à bouger, mon pied a repris du volume, seul le mollet restait assez petit et faible. Je suis reparti avec une ordonnance pour le kiné, et un rendez-vous le lendemain.
A partir de ce moment, les progrès se voient de semaine en semaine. La cicatrice et le tendon se ramollissent petit à petit, et la flexion s'améliore au niveau du pied. La kiné y va parfois assez vigoureusement, et sur le moment, il n'y a pas de douleur, mais parfois un peu après, comme quand on est fatigué après le sport, mais mon moral est remonté, les progrès sont encourageants.
Pendant les 3 semaines qui suivent le rendez-vous avec le chirurgien, je peux marcher avec une botte de protection, principalement car les muscles sont encore faibles et il est difficile de marcher correctement en pliant le talon. La kiné me donne des exercices avec 15 minutes de vélo d'appartement par jour. Petit à petit, j'essaie de marcher un peu plus normalement et je vois bien les progrès au fil des jours.
Rééducation
5 semaines après le rendez-vous chez le chirurgien, et des exercices quotidiens, la situation s'est bien améliorée : je peux à nouveau marcher, monter les escaliers et les descendre pratiquement correctement et sans douleur. Marcher est possible pendant 10-15 minutes, mais pas encore de randonnée.
Pour cela, je fais, chaque jour, des exercices :
- tenir sur le pied à ré-éduquer, en équilibre pendant 10-20 secondes, 20 à 30 fois
- 20 minutes de vélo
- 2-3 séries de 8 planches avant-arrière pour tirer/pousser sur la pointe des pieds
- 2-3 séries de 12 appuies du genou contre le mur, en mettant les doigts de pied contre le mur, puis en essayant de les éloigner
- je termine par une série de 8 pompes
L'efficacité de ces exercices m'ont permis de voir une nette amélioration un mois environ après les avoir commencés.
Après 2 mois, je peux marcher normalement. Il me manque un peu d'endurance et parfois quelques muscles pour pouvoir me mettre sur la pointe du pied droit, et je ne peux pas encore courir, mais tous les gestes du quotidiens sont possibles, je ne boite pas, rien ne permet de voir que j'ai été opéré, sauf la cicatrice, légèrement visible quand j'ai des mi-chaussettes et que je suis en short. Je suis globalement bien remis mais il reste encore des exercices et des séances de kiné à faire.
En juillet et début août, je suis parti en vacances, faire un peu de marche. Au retour de vacances début août, rendez-vous chez le kiné très concluant : pas besoin de revenir.
La rééducation se termine, et je peux à nouveau faire 99% de ce que je pouvais faire avant. Le seul réel inconvénient est un engourdissement quand mon pied ne bouge plus pendant un moment, notamment au lever le matin et après un moment sans rien faire, comme conduire pendant 2h par exemple. J'ai aussi une douleur qui apparaît au début, après l'engourdissement, qui est transversale à la voûte plantaire.
J'ai un dernier rendez-vous prévu mi septembre, je verrai suivant l'évolution s'il est nécessaire d'y aller.