FredVoyage

La Tresse

Ce film est l'un des plus beaux films que je suis allé voir récemment. C'est un film qui, pour moi, a tous les ingrédients d'un beau film, avant même d'aller le voir : ce sont plusieurs histoires vraies ou vraisemblables, mises en parallèle, dont j'ai déjà entendu parler mais sans vraiment la voir.

A la base, c'est un livre, mais dans un livre, on laisse le lecteur imaginer les décors et la culture. Je trouve cela difficile d'imaginer quelque chose que l'on ne connaît pas du tout.
Dans ce film, on découvre en parallèle ces 3 histoires, et le parallèle est fait jusque dans le récit et les moments de la vie de chacune des 3 femmes.

Ce ne sont pas 3 histoires, c'est une seule histoire, et les 3 femmes dont on parle ont chacune leur histoire, sans ces 3 femmes, l'histoire ne pourrait pas se passer comme ça, je trouve cela déjà très beau.

En Inde, avec Smita, on comprend ce qu'elle vient chercher. Sa religion, sa croyance, l'emmène loin de chez elle, et elle y arrive presque sans rien. Bien sûr, l'histoire que l'on voit ne détaille pas comment son considérés les Intouchables (d'ailleurs on peut regarder le film éponyme pour mieux comprendre), on part du point où elle veut que sa fille ait une vie meilleure. C'est à partir de cette offrande à dieu que l'histoire peut vraiment commencer, mais pour y arriver, elle perd tout, à commencer par son mari, et toute sa vie, en espérant que sa fille s'en sorte mieux qu'elle.

En Italie, Giulia est bouleversée par l'accident puis le décès de son père, et va devoir changer radicalement sa manière de travailler quand elle découvre la montagne de dettes qu'il laisse derrière lui. Sa rencontre avec un Sikh dont elle tombe amoureuse va être à la fois un combat pour sa vie, son amour, face à sa mère qui veut la vendre à une riche famille pour éponger les dettes de la sienne, et pour transformer l'entreprise familiale et faire en sorte qu'elle continue de faire vivre la famille et les salariés.

Au Canada, Sarah est atteinte d'un cancer, mais elle n'arrive pas à en prendre conscience, ni à se poser pour voir ce qui est importante pour elle dans sa vie. Elle y est contrainte suite à l'opération et à la chimio, et quand ses cheveux tombent, elle se rend dans une boutique spécialisée ...

... et c'est là que les 3 histoires forment une grande histoire, à la fois belle, et qui pose question. Ces 3 femmes ne pourraient pas s'en sortir finalement l'une sans l'autre, même si elles ne le savent pas. Chacune va aider l'autre au cours de ces histoires sans s'en rendre compte.

Je trouve cette histoire belle et touchante, mais on ne peut être touché par cette histoire sans accepter la mondialisation, car finalement, c'est ça qui est montré ici : les 3 histoires se recoupent parce que le monde est comme il est. Ce que vivent les indiens, sans qu'ils le sachent et sans que nous en ayons conscience, touche les européens et les américains. C'est tout un marché mondialisé qui fonctionne comme ça.

Bien évidemment, ces 3 histoires sont idéalisées pour montrer ce qui est beau, et la vie n'est pas toujours belle, ici comme là-bas. Il y a d'autres histoires de mondialisation qui ne sont pas aussi belles, avec des gens sous-payés, et des violences ou le travail d'enfant, mais cette histoire-là est bien choisie car elle montre un exemple de mondialisation qui profite à chacun.

La salle du cinéma Les Carmes à Orléans était bien remplie pour une séance en pleine semaine, et les échos à la sortie étaient tous positifs : un film émouvant, une belle histoire. J'ai passé un très bon moment, je conseille ce film à tous ceux qui ont cette sensibilité, et qui aiment l'indien, l'italien, et l'anglais, avec des sous-titres en français bien sûr.