Enfin, on est jeudi 20 septembre, et l'un des derniers moments importants arrive : la navigation triangulaire. L'objectif est de partir en navigation pour environ 180Nm soit près de 350km, le tout en solo avec 2 atterrissages sur 2 aérodromes différents.
L'itinéraire du jour correspond à 3 nav de 40 minutes environ :

Orléans - Auxerre - Nevers - Orléans

Je suis donc arrivé bien à l'heure au club pour m'assurer que tout se passe bien. A 13h20, en arrivant, Fabien est parti pour son test PPL avec Chantal, la présidente du club, et Manu était là à attendre, anxieux, pour savoir si son premier élève présenté au PPL allait s'en sortir.

J'ai donc préparé F-GGXK car l'autre avion, F-GJZX qui a un réservoir supplémentaire, est utilisé par Fabien pour son PPL. J'ai fait les pleins, c'est d'ailleurs un peu énervant, après chaque vol, je fais le plein, et je me retrouve toujours avec un avion vide, donc je dois faire le plein avant et après chaque vol, c'est pas très "Esprit Club", ça !

Avion plein, briefing rapide avec Manu, quelques recommandations, et me voilà aux commandes de F-XK, moteur allumé, prêt à décollé, il est 15h10 ...La première branche consiste à aller à Auxerre - Branches au départ de l'échangeur nord de Chateauneuf. Durée estimée de 25 minutes, et surtout, altitude cible : FL055

Le plus difficile dans les nav solo, c'est le décollage et la "mise en nav", c'est à dire, plus généralement, le premier point tournant, aussi appelé PON (Point d'Origine de Navigation), car il faut en même temps regarder la montre, le cap, l'altitude, parfois aussi les paramètres moteurs, la carte, écrire tout ça sur le log, et parler à la radio. Ca en fait des choses à faire en seulement quelques minutes, aux alentours du PON.

J'ai donc pris mon top à 15h14, mon cap au 096 en montée vers le FL055. C'est la première fois que je montais seul à cette altitude (pardon, à ce niveau de vol). C'est assez impressionnant et en même temps très agréable. Impressionnant car c'est haut, il y a plus de 1500m de vide au-dessous de l'avion, et très agréable car on peut voir très loin, et surtout c'est beaucoup plus calme, réellement plus calme, sans aucune turbulence. Une fois l'avion compensé, il suffit presque de lâcher les mains et faire une sieste. Bon, pas en vrai, parce que quand on est seul à bord, il a tendance à vouloir tourner à gauche, il me faudrait un mannequin de 65kg à droite pour équilibrer ... mdr

Comme on peut le voir sur cette photo, j'étais plutôt détendu, car prendre une photo en pilotant, je ne l'avais jamais fait avant. On peut voir que le ciel est dégagé, que la visibilité est excellente, et aussi, j'insite pour que Manu regarde bien cette photo, je suis exactement au FL055, avec un vario nul, et exactement sur la route prévue (j'ai vérifié le GPS et la carte au retour, il y a moins de 500m entre mon premier point tournant et là où c'était prévu, au nord de Nogent sur Vernisson, et moins de 700m au second point tournant, travers Charny). Il y a de quoi être fier, le FL055 y est pour quelque chose, je pense.

Je suis arrivé à Auxerre, la piste 19 était en service, j'ai fait un tour de piste derrière un avion que je n'ai vu que lorsqu'il a tourné en base, et je l'ai suivi en ralongeant la vent arrière. Tout s'est à peu près bien passé, sauf que j'ai oublié de sortir le second cran de volet, je suis arrivé un peu rapide, mais sans conséquence.
Je me suis arrêté quelques minutes, le temps d'appeler Manu, de payer la taxe d'atterrissage (5,40€), et d'aller faire un tour à la boutique Bayo, car il va me falloir un autre casque si je veux faire découvrir les voyages à des amis. Je n'ai rien acheté, mais j'y songe, probablement un Pilot P51 Trophy, et je cherche aussi un adaptateur pour lecteur MP3, mais apparemment, c'est à faire soit-même.

Une fois tout ça terminé, il était temps de repartir vers Nevers. Je suis remonté dans mon avion, et un bimoteur était en train de charger, ainsi qu'un petit biplace appartenant au comité départemental d'archéologie. Je me suis empressé de mettre en route, en me disant que j'allais passer devant ... et c'est ce que j'ai fait. J'étais premier et tout seul au point d'arrêt à faire mes essais moteurs, puis j'ai du attendre 15 minutes, le temps que les 3 avions en tour de piste veuillent bien atterrir (en fait, 2 ont touché et un seul a atterri), donc j'étais un peu ridicule, d'avoir cherché à être le premier à vouloir les attendre au point d'arrêt. En tous cas, j'étais le premier à décollé après avoir remonté la piste, et je suis parti sans problème, en m'apercevant, une fois en l'air, que j'avais oublié de laver ma verrière (des tâches d'eau m'éblouissaient car je volais face au soleil).

Pour cette seconde branche, c'était assez simple : pas de point tournant, seulement Avord à contacter pour une clairance dans les zones R20B1 actives.
J'ai donc fait route vers le VOR de Nevers au radial 210. Je lui ai couru après pendant la moitié de la nav, et je l'ai rattrappé une fois dans les zones d'Avord, vers Douzy. J'ai fait cette partie au FL045 (route vers l'ouest) et c'était assez calme, pas de stress donc, sauf à un moment où je me suis demandé où j'étais.
C'est bien de ne pas prendre de point tournant, ça permet de ne rien avoir à faire, autre que suivre le VOR, mais je n'étais pas capable de savoir où j'étais, par rapport à Avord : dans la zone ou pas ? Finalement, je les ai contacté dès que j'ai décollé afin d'éviter tout problème, et ça s'est bien passé. J'ai gardé un oeil sur le GPS au cas où, histoire de bien suivre le cap qu'il fallait, mais sans l'utiliser, juste au cas où, mais tout s'est bien passé.

Une fois arrivé sur la Loire, j'ai demandé à Avord de suivre la Loire à 2000ft, pour une petite partie en cheminement, ils ont accepté et je suis arrivé près de Nevers. J'avais vu l'heure, 17h15, or je savais que l'AFIS fermait à 17h. J'ai appelé, personne. J'ai indiqué à la radio que j'arrivais vertical, ensuite, comme il n'y avait pas de vent, j'ai dit à la radio que sans vent, je prenais la 30, la piste préférencielle, et je me suis reporté vent arrière, tout seul. Ca fait un peu bizarre de se poser sur un aérodrome sans contact radio, c'est un peu comme se poser sur un endroit totalement désert.
Heureusement, un autre avion est venu se poser, apparemment, un avion du club, et il m'a suivi dans la vent arrière. Ce qui est impressionnant à Nevers, c'est que le circuit de piste se passe à moitié sur la ville de Nevers. Au milieu de ma vent arrière, au moment de passer le seuil de piste, j'étais au-dessus des maisons, et il a fallut virer en base au-dessus du centre ville, et atterrir près de Jardiland. Cette fois, j'ai bien pensé au second cran de volet et je me suis posé tranquillement. Je suis allé directement à la pompe BP.

Un pompier a fait le plein pour moi, et je suis monté à la tour payer mes 44,4L d'AVGAS 100LL et la taxe d'atterrissage de 8.70€. L'agent AFIS était là, bien que la tour était fermée, il m'a donc reçu très gentiment, d'autant que j'avais envoyé un email sur le site de l'aéroport, mais apparemment, ce formulaire est destiné uniquement aux avions qui ont besoin d'une ouverture spéciale. En fait, le titre du formulaire est "PRÉAVIS DE VOL ET DEMANDE DE SLOT", mais il n'y avait rien qui indiquait qu'il fallait être d'une certaine catégorie ou autre, donc, la veille, je me suis pris pour le commandant de bord et j'ai demandé un slot en indiquant que je devrais avitailler, j'ai trouvé ça amusant, mais l'agent AFIS, bien qu'aimable, n'a pas souri ... mdr

J'ai passé un coup sur la verrière avec le matériel que j'ai emprunté chez les pompiers, et je suis reparti. Au moment de remettre le moteur en route, l'avion qui avait atterri après moi et qui est reparti entre temps, est arrivé à la pompe derrière moi, alors je me suis pressé, poussé, et déplacé. Après avoir fait tout mon préparatif, j'ai entendu qu'un ULM roulait. J'ai fait mon message radio et je me suis mis à rouler vers le point d'arrêt 12, sans voir qu'à ma gauche, l'ULM aussi roulait dans la même direction. Heureusement, il était à 50m de mon avion, mais je n'avais pas regardé à gauche et à droite comme je le fais d'habitude. Pour m'excuser, je lui ai proposé de passer devant, car il connait les lieux, mais il m'a laissé passé en disant qu'il lui fallait faire chauffer son moteur.

J'ai donc décollé à 18h10, en piste 12, donc face à la ville, donc je suis reparti pour un survol du centre ville, pour rejoindre mon PON à Marseilles-les-Aubigny (et oui, je ne me suis pas trompé). J'ai en même temps contacté Avord pour une clairance au FL045, ce que j'ai obtenu, et je suis reparti pour Orléans.
Je ne pourrai pas dire que la navigation était aussi propre que la première branche, car j'ai du passer à plus de 2Nm de certains points tournants, mais le contrôleur à la radio n'était pas plus doué que moi.

Je suis passé par la Centrale Nucléaire de Belleville et de Dampierre, c'était une navigation autour des centrales.

En passant près de la Centrale Nucléaire de Dampierre, je demande au contrôleur, avant Giens, si, en conservant mon cap actuel, je passais ou non dans la zone interdite de la centrale. Le contrôleur m'a répondu "je vous rappelle" et il est allé vérifié. Entre temps, j'ai réfléchi (et oui, maintenant je peux, en vol, avant, je n'y arrivais pas) et je me suis dit que c'était idiot comme question puisque la zone était jusqu'à 3700ft, et que j'étais au FL045, soit à 4700ft environ. Mais il m'a recontacté en me disant que j'allais éfleurer la zone et qu'il valait mieux que je prenne un cap de 15° gauche. J'ai simplement confirmé, et je me suis décallé.

A la radio, ça ne me fait plus peur, maintenant, de parler et de poser des questions. D'accord, là, j'aurais pu réfléchir avant de parler, au lieu de l'inverse, mais je demande souvent un QNH local, comme avant Nevers à la branche d'avant, ou bien il peut vérifier mon cap, ma position, je demande parfois à changer d'altitude. Je pense que parfois ils doivent se dire "il a rien d'autre à faire que de discuter" mais on ne me l'a jamais dit, alors je ne me gêne pas pour parler, dans le respect des autres avions qui pourraient aussi avoir besoin de la radio, il faut quand même laisser la fréquence libre.

Peu après Dampierre, j'ai amorcé ma descente (ce que je fais toujours maintenant, et que je ne faisais jamais avant).

J'ai pu survoler Sully sur Loire en avion à 3500ft environ, puis je suis passé au-dessus de l'Abbaye de Saint-Benoit, pour arriver à Orléans et m'intégrer en vent arrière, juste derrière Manu (que je n'ai pas vu avant qu'il tourne en base) dans son DA-20 avec une autre élève. A la radio, il m'a confirmé que Fabien avait eu son PPL, et il a commencé à commencer la phraséo en Anglais pour l'atterrissage, mais un ULM est arrivé pour décollé, donc on est passé en français ... c'est bien dommage.

Je suis donc arrivé en finale, tout bien comme il faut, prêt pour l'arrondi, et là, je ne sais pas ce qui s'est passé, mais j'ai complètement foiré mon arrondi, ça a un peu tapé, gentiment, mais quand même, ça m'a vexé. Je suis reparti pour un tour de piste, histoire de prendre ma revenche, et le second s'est bien mieux passé, j'ai donc rentré l'avion ... sans passer par la pompe, pour une fois. Désolé pour celui ou celle qui l'utilisera demain.

Les quelques premières nav solo étaient un peu stressante, et c'est toujours le cas, mais c'est bien moindre par rapport à la première, vers Blois. J'ai appris à mieux m'installer dans l'avion, à utiliser tous les instruments afin d'améliorer le confort du vol, et à voler en Flight Level quand cela est possible.
C'est un vrai bonheur de pouvoir décoller tout seul, aller où on veut sans avoir un instructeur à droite, même si Manu ne faisait plus grand chose, c'est quand même différent, il n'est plus là au cas où non plus, ça veut dire qu'il faut se débrouiller tout seul, et c'est tant mieux. Je crois que j'ai appris déjà pas mal de choses en volant tout seul, en plus on peut en parler avec l'instructeur après donc ça permet de mieux apprendre.
Voici la carte de la navigation :

Prochaine navigation : Dreux, dimanche. Seul problème : la météo. MétéoFrance annonçait un grand soleil ce matin, pour dimanche, mais ce soir, c'est nuageux, et MeteoConsult annonce des brumes, avec une probabilité de 60%, c'est pas très fiable tout ça !