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Un Jeune Chaman

Film mongol de Lkhagvadulam Purev-Ochir avec Tergel Bold-Erdene et Nomin-Erdene Ariunbyamba.

J'aime beaucoup les films mongols, et je n'ai pas été déçu.

Zé est un adolescent de 17 ans, en terminal. Il habite dans le quartier des yourtes à Oulan-Bator. Il est assez discret, un peu réservé et ne parle pas beaucoup. En dehors de l'école, il est chaman. Il a la foi et ressent les choses, il va dans les autres yourtes ou accueil dans sa yourte des mongols qui ont besoin de spiritualité.

En Mongolie, la spiritualité est très présente. Ce qui est important, et qui constitue le quotidien des mongols, c'est de pouvoir communiquer avec les ancêtres, les parents et grands-parents disparus, et le chaman est là pour ça. Il est aussi là pour aider les mongols à faire l'expérience de la spiritualité au travers des émotions.

Zé est appelé par une amie de sa mère pour une cérémonie. Il se présente avec sa soeur qui l'assiste lors de ce type de cérémonie, et rencontre Maralaa qui va être opérée du coeur. Maralaa ne voit pas Zé lors de la cérémonie car il est caché derrière ses habits, mais après, elle le voit et lui demande son âge, et le traite d'arnaqueur. Après cette rencontre, Zé rêve de Maralaa, alors il va lui rendre visite à l'hôpital. Ils deviennent amis, et même intimes par la suite.

Après avoir vu ce film, j'ai regardé le dossier de presse sur le site de Arizona Films, le distributeur français. Bien que le film soit en Mongol sous-titré français (ce qui permet d'entendre cette langue et ces sons que j'aime beaucoup), le dossier de presse et en Français et contient une interview de la cinéaste, Lkhagvadulam Purev-Ochir.

Elle parle de la spiritualité et de cette dualité, sans être une opposition, entre tradition et modernité. Zé est adolescent, comme ses camarades de classe, il ressent des émotions, on le voit d'ailleurs se masturber dans une scène, et faire l'amour avec Maralaa, une fois en rêve, et une fois en vrai (la scène en vrai est beaucoup moins glorieuse que dans ses rêves). Tout oppose Zé et Maralaa : leur lieu de vie, Zé, qui habite dans le quartier des yourtes, rêve d'habiter en ville dans un immeuble, alors que Maralaa qui y habite déjà rêve d'habiter à la campagne, et Zé se moque d'elle en lui disant qu'elle va devenir éleveuse de moutons.

Ce qui est intéressant est que tous les personnages ont une notion de spiritualité. Montrer cela dans un film est difficile car la spiritualité est, par définition, quelque chose d'intérieur, que l'on ne peut pas voir et pas dire. Je trouve que c'est très bien fait ici. Les dialogues sont parfois très réduits, mais les gestes sont là, la nature est partout, et la spiritualité en fait partie, comme tout le reste, comme l'explique Maralaa à Zé quand ils jouent dans le parc.

J'aime beaucoup de genre de film. C'était aussi le cas du film Si seulement je pouvais hiberner, que j'ai vu en début d'année, dont l'histoire était différente, la spiritualité n'était pas vraiment présentée, mais elle était là, on pouvait le sentir. Ici, avec Zé, Un Jeune Chaman, on parle de spiritualité, mais aussi beaucoup du quartier des yourtes, de l'adolescence, de l'amour, mais aussi de choix sur ce qu'ils veulent faire de leurs vies, et je trouve que ce film présente bien tous ça, sans jugement, sans séparer les dualités, mais en permettant que chacune de ces parties ait sa place.

La bande annonce en Mongol sous-titré français :